Face à l’urgence climatique et à la nécessité de réduire la consommation énergétique des bâtiments, la France a mis en place divers dispositifs pour encourager la rénovation énergétique. Parmi eux, le rôle de « Mon Accompagnateur Rénov’ » (MAR) a émergé comme un acteur clé pour guider les particuliers dans leurs projets. Mais s’agit-il d’un nouveau métier, d’un agrément, d’un programme ? Explorons ensemble l’origine, les missions et les perspectives de cette fonction essentielle.
Une création réglementaire au service de la transition énergétique
Le dispositif MAR est né d’un besoin de structuration dans un paysage de la rénovation énergétique encore trop fragmenté. Instauré par la loi Climat et Résilience du 22 août 2021, il a pour objectif d’accompagner les ménages dans leurs travaux tout en assurant la qualité et la cohérence des projets soutenus par les aides publiques. Dès janvier 2024, la présence d’un MAR est devenue obligatoire pour toute rénovation d’ampleur souhaitant bénéficier de MaPrimeRénov’.
Ce n’est donc pas un simple conseiller, mais un maillon essentiel du dispositif, garant d’un parcours fluide, informé et encadré. La rénovation énergétique, pour être efficace, nécessite un accompagnement sur mesure, une expertise de terrain, et une compréhension fine des dispositifs d’aides. C’est à ce carrefour que se situe le MAR.
Un rôle pivot entre les ménages, les artisans et l’administration
Le MAR agit comme une boussole pour les particuliers, souvent perdus dans le labyrinthe administratif et technique de la rénovation. Il évalue les besoins énergétiques du logement, guide le choix des travaux, accompagne le montage des dossiers d’aide, et veille au bon déroulement du chantier.
Mais son rôle ne s’arrête pas là. Il est aussi en interaction constante avec les artisans, pour garantir la conformité des devis, vérifier les qualifications RGE, et s’assurer que les solutions proposées respectent les normes en vigueur. En parallèle, il est en lien étroit avec l’ANAH et les organismes financeurs, assurant le respect du cadre réglementaire et facilitant le déblocage des aides.
En somme, il est l’architecte invisible du projet : omniprésent.
Qui peut devenir Mon Accompagnateur Rénov’ ?
Le titre de MAR n’est pas ouvert à tous. Il répond à un cadre d’agrément défini par l’ANAH. Les profils éligibles doivent justifier de compétences techniques et administratives, mais aussi de moyens concrets pour assurer un accompagnement de qualité. Actuellement, les MAR proviennent de plusieurs univers :
- Les Espaces Conseil France Rénov’, qui constituent le socle public du dispositif.
- Les collectivités territoriales, qui ont parfois mis en place leurs propres services d’accompagnement.
- Des professionnels de la rénovation comme les auditeurs énergétiques, bureaux d’étude thermique ou architectes.
- Des structures privées et sociétés de tiers financement qui souhaitent étendre leur offre de services.
Cette pluralité d’acteurs montre que le MAR est bien plus qu’un simple agrément administratif. Il impose une posture professionnelle, un savoir-faire, et une relation de confiance avec les usagers.
Agrément ou métier ?
Il serait réducteur de considérer le MAR comme une simple fonction temporaire ou un effet d’aubaine réglementaire. Le MAR incarne un nouveau métier, à la croisée du conseil, de l’ingénierie de projet et du pilotage administratif. Il nécessite des compétences transversales, une capacité à vulgariser les enjeux techniques, et une rigueur méthodologique dans la gestion des dossiers.
Des formations spécifiques voient le jour, les logiciels métiers s’adaptent, les outils de pilotage se professionnalisent. L’écosystème se structure pour accompagner cette émergence. De plus, la digitalisation progressive de la filière offre une boîte à outils et des solutions à ces professionnels pour être plus efficace. À titre d’exemple, une application comme Ecodomio, propulsée par l’Intelligence Artificielle, facilite le travail de contrôle fastidieux des devis / factures pour garantir la conformité des dossiers de façon plus rapide et fiable.
Une mission d’intérêt public portée par une diversité d’acteurs
Aujourd’hui, plus de 3 000 MAR sont recensés en France. Ce chiffre devrait encore croître dans les années à venir. Derrière ce nom, on retrouve une variété de profils, tous réunis par une même vocation : faciliter, simplifier, sécuriser.
Dans les campagnes comme dans les villes, des agents publics, des techniciens du bâtiment, des conseillers en énergie prennent ce rôle à bras-le-corps. Ils deviennent la voix rassurante, le regard critique, l’interface humaine entre la technique, la réglementation et l’usager.
L’avenir du MAR : entre reconnaissance et consolidation
À mesure que la demande en rénovation énergétique augmente, le besoin d’un accompagnement de qualité se fait plus pressant. Le MAR est appelé à jouer un rôle de plus en plus stratégique :
- Il contribuera à la montée en compétences de la filière.
- Il participera à la lutte contre les fraudes et les arnaques.
- Il renforcera la confiance des ménages dans les dispositifs publics.
La consolidation de ce métier passera par la reconnaissance de sa valeur ajoutée, la sécurisation de ses financements, et la montée en compétence continue des accompagnateurs.
Mon Accompagnateur Rénov’ est bien plus qu’un nom de dispositif. C’est un nouveau métier, indispensable à la réussite de la politique de rénovation énergétique en France. À l’interface des ménages, des artisans, de l’administration et des solutions numériques, il symbolise la transition vers une rénovation plus humaine, plus accompagnée, plus durable.